Nous étions enfin arrivés dans le pseudo-hôtel, dont on m‘avait remis les clés. Il s‘agissait d‘un endroit où je n‘allais pas très souvent, mais son confort simple était quelque chose de convenable, lorsqu‘on avait besoin d‘un endroit où dormir pendant une nuit, ou bien de s‘écarter du monde. Rien qu‘à cause de la fermeture administrative des lieux, et puis du changement de propriétaire, tout le monde ignorait cet endroit, alors que ce dernier pouvait les abriter, et leur donner une chance de se sentir en sécurité, et de vivre leur vie. Ce n‘était pas le seul, mais cela en était un. Il n‘était pas « Le Serenity », mais c‘était déjà quelque chose. Emmener Rachel là-bas aurait été trop risqué, surtout pour cette nuit, car il aurait fallu faire un long trajet, rien que pour aller à San Francisco, la ville où se dressait l‘antenne principale, et aussi là où j‘habitais en alternance avec mon domicile. Oui, tout était compliqué à présent…trop compliqué. Uniquement parce que je fuyais, je me compliquais la vie.

Maintenant, il fallait songer à dormir, ce qui n‘était pas très simple à vrai dire. Rachel pouvait désormais choisir où aller.

- Tu n’as pas besoin de me remercier Rachel. C’est normal que je fasse cela pour toi.

Je baissais les yeux avant de continuer à parler.

- Ce que je vis n’est pas simple, je le sais, mais il y a quelque chose qui est bien, quand je te vois. Quand je suis avec toi, je n’y pense pas, et c’est quelque chose qui me fait du bien.

Je souriais avant de terminer.

- Repose-toi bien Rachel.

Je la vis entrer et fermer la porte derrière elle, quand j’eus une sorte de parole, dite dans un chuchotement à peine audible.

- Je t’aime…

Elle ne l’avait probablement pas entendu, mais je l’avais dit.

Par la suite, je m’éloignais pour aller dans la chambre d’à côté, où je ne fis que m’asseoir au bord du lit. Je n’arrivais pas réellement à dormir lors d’une période longue de nuit blanche. Récupérer le sommeil maintenant n’allait pas servir à grand-chose. Je ne fis alors que rester là, mes pensées dans le vide.

*Je t’aime…*

À eux-seuls, ces deux mots me perturbaient tout au fond de moi-même car, avec le temps, je ne savais toujours pas les dire à voix haute, de peur de subir un terrible retour de bâton. Cette peur était en moi, uniquement à cause d’un certain cauchemar, qui me suivait depuis le passé, ce que j’avais subi la première fois que ces types m’avaient testé. A cause de cela, elle était morte, alors que je lui avais dit que je l’aimais. Cette scène m’avait traumatisé et bloqué sur une issue positive pour une éventuelle histoire d’amour, uniquement parce que j’avais peur que cela se termine de la même manière. Perdre quelqu’un d’autre serait une terrible déchirure à subir pour mon cœur, quelque chose qui pourrait m’achever, mais pourtant j’étais amoureux, en ce moment, et je n’osais pas le dire, même à la principale concernée dans cette histoire : Rachel.

Le seul moment où j’avais pu oser le dire, était quand Rachel avait pénétré dans sa chambre pour ce soir, et qu’elle avait fermé la porte. Le ton de ma voix avait été faible, peu probablement perceptible par toutes les oreilles. Cette parole n’avait probablement servi à rien, mais je n’arrivais pas à le dire autrement qu’en étant seul. C’était comme si ma timidité était beaucoup trop forte cette fois-ci, surtout pour l’amour.

Je me trouvais alors dans ma chambre pour ce soir, assis au bord du lit à ne pas quitter le mur du regard. Mes pensées étaient dirigées vers les questions, que je me posais à l’intérieur de moi-même, notamment par rapport à ce que je ressentais. Je réfléchissais surtout à la suite des événements, ce qui allait arriver à cause de cette chasse, et de tout le reste….

Je pensais rester seul, toute la nuit, mais j’avais tort, car la porte s’ouvrit soudainement vers une vision à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Rachel était là, et quand j’entendis ce qu’elle me disait par la suite, j’étais désormais certain d’une chose. Elle avait entendu ce que j’avais dit.

*Oh bon sang, elle a entendu*

Quand elle me posa la question fatidique, ma gorge se noua, comme endolorie par la réponse que j‘allais donner à son interrogation. Après une profonde inspiration reprise dans mes poumons, je me mis à parler, à dire quelque chose qui allait dans le sens de sa question, et qui ne la contournait pas du tout.[/i]

- C’était ce que je voulais dire depuis le départ, dans toutes ces phrases que je ne terminais pas. Ce n’est pas une parole en l’air, ni quelque chose à laquelle je ne pense pas, mais une réalité. Je ne peux pas mentir sur ce genre de sentiment. Ce « je t‘aime » t’es effectivement destiné.

*Non de Dieu, je l’ai dit…*

Je venais de dire une chose que je n’avais pas avoué, ou plutôt osé dire devant la principale concernée. Une parole libre, sans timidité, avait conduit à cela. J’avais dit que je l’aimais, même si je ne l’avais pas fait en face d’elle.

Mais le discours avait repris ce « je t’aime » et Rachel était au courant désormais. Comment allait-elle réagir ? Je l’ignorais.

Comment définir cet instant en particulier ? Comment donner ne serait-ce qu’un seul mot pour décrire ce que je ressentais en cet instant ? C’était impossible.

Je ressentais des émotions que je ne pensais plus jamais ressentir après des événements terribles dans mon passé, notamment les pertes que j’avais pu subir. Me pensant bloquée derrière une sorte de carapace inconsciente, ma conscience ne parvenait plus à faire une seule déclaration d’amour, même si elle pouvait être extrêmement sincère. J’avais simplement peur de perdre une autre personne que j’aimais, dans des circonstances probablement encore plus terribles que le pire, que j’avais pu subir auparavant. Il s’agissait d’une peur, que je comprenais, mais elle m’énervait également au fond de moi-même. Je n’avais envie que de la voir disparaître, partir en fumée et enfin me laisser en paix, mais elle n’allait jamais pouvoir partir tant que je ne dévoilais pas ce que je ressentais.

À présent, voilà chose faite ! J’avais tout dit, après tant de temps passés à contourner mes paroles, bercé par une peur sans intérêt. Enfin, j’avais pu avouer à Rachel ce que je ressentais, après tant de temps à passer toutes ces bonnes choses sous silence. Maintenant, je me sentais largement mieux, libéré de quelque chose que j’avais toujours eu envie de dire, et qui n’était jamais sorti, jusqu’à aujourd’hui.

En observant sa peur, j’adoptais un réflexe inconscient, mais qui au final me rassurait également. J’avais en effet attrapé la main de Rachel, qui restait posée sur le lit, comme si j’avais toujours espéré faire cela, tout au fond de moi. Le discours que j’avais pu adopter par la suite, eut pour effet de provoquer des larmes sur le visage de Rachel, mais elle n’avait pas l’air triste. La déclaration qu’elle avait pu entendre, montrait ce que je ressentais au plus profond de moi. Il s’agissait de choses, que je n’arrivais à dévoiler qu’avec beaucoup de mal, mais j’y étais parvenu. Mes sentiments étaient connus, pour une fois, et ceux-ci le méritaient réellement, rien que pour Rachel. Elle était devenue plus qu’importante pour moi, et elle était en droit de le savoir.

Je n’osais rien faire, car j’attendais une réaction de sa part. Je ne voulais rien brusquer.

Au final, une réaction sortit, plus rapidement que ce que je pensais. Ce fut bref, mais cela voulait dire ce que cela voulait dire. Il s’agissait d’un baiser, quelque chose que je ne pensais plus recevoir de qui que ce soit. Pourtant, je l’avais reçu de sa part. Rachel m’avait redonné l’espoir, et l’envie de ne plus pleurer pour signifier ma tristesse, mais pour bien montrer que j’étais heureux, car j’étais effectivement heureux. J’aimais ressentir ce changement en moi, car je me sentais meilleur. J’étais bien, dans un état de bien-être.

Par la suite, je me trouvais dans un état que je ne comprenais qu‘à peine. J‘étais heureux, la vie était belle, mais j‘étais muet, que d‘originalité.

Ce qui me sortit de mon silence fut un bruit de téléphone qui sonnait. C‘était le mien. Mon réflexe ne fut pas de répondre, mais au contraire de raccrocher, et même d‘éteindre définitivement l‘appareil. Je ne voulais plus d‘interruption.

- Au diable les téléphones. Peu importe qui c’était, il attendra un peu. Ce n‘est rien comparé à ce que je ressens. C‘est rare de m‘entendre dire cela, mais je suis heureux.

*purée je l’ai dit !*

Hj: C'était pas mon texte original, donc je ne l'aime pas trop, mais ses la réponse la plus proche que j'avais.

Ce bonheur traversait la profondeur de mon âme et me laissait un sentiment de sérénité et joie immense, que je ne pensais plus ressentir depuis les derniers événements, qui m’avaient hantés pendant si longtemps. Dans ma tête, sans cesse, je ne parvenais plus à trouver le sourire, ni la force d’être sincèrement heureux, simplement parce que les images de son corps, étendu sur le sol, réapparaissaient en moi, comme pour me rappeler que j’étais responsable de ce qui venait d’arriver…comme une évidence.

En la présence de Rachel, aujourd’hui, je ne voyais plus ces images. J’avais retrouvé le bonheur malgré les épreuves que je vivais en ce moment. Je l’aimais, et cette sincérité me changeait, comme pour m’aider à devenir un homme meilleur. En quelque sorte, je pouvais dire que Rachel avait su illuminer ma vie, et me rendre ce que j’avais perdu. La clé de mon âme, je l’avais retrouvée grâce à elle, uniquement grâce à elle.

En observant Rachel, je ne pouvais pas manquer ce lourd détail. Elle semblait fatiguée, et elle avait besoin de se reposer. Mais, dans un sens, je n’avais pas envie de me séparer d’elle, alors que nous venions juste d’être réunis, après tant de temps passé à nous taire. Si nous étions ensemble, c’était parce que nous avions su parler, et ainsi dire ce qu’on avait sur le cœur. Ce combat de sentiment nous avait réunis elle et moi, et je ne le regretterais pour rien au monde…jamais…

Quand je lui proposais de dormir ensemble, j‘étais sincère, tout simplement parce que je n‘avais pas envie de me séparer de celle que j‘aimais. Je ne voulais pas voir mon amour s‘enfuir alors qu‘il venait d‘arriver. Il s‘agissait de la dernière chose que je souhaitais, surtout après une soirée comme celle qui s‘était déroulée peu avant. Elle avait mal commencé, mais finalement elle avait pu si bien s‘achever. La dernière partie de cette phrase suffisait à mon sourire, et à mon bien-être. Pour rien au monde je ne pourrais quitter cette joie, car j‘y perdrais mon âme dans ce cas précis.

La réponse de Rachel suffisait à me faire comprendre que rien n‘était fini. Le sourire était toujours là.

[colot=cyan]- Moi non plus, je ne voulais pas me séparer de toi. [/color]

*oh non jamais…*

- Viens. Il y a assez de place pour nous deux, et si jamais tu as une nuit agitée ou un quelconque problème, je serais à côté de toi pour te rassurer et te montrer que tout va bien. Jamais je ne pourrais te laisser tomber.

Jamais je ne pourrais laisser tomber Rachel, tout simplement par que je l‘aimais. Je voulais la rendre heureuse, et non la faire pleurer, alors je ferais tout pour y parvenir.

- Je t‘aime. lui redis-je même encore une fois.

S’il y avait bien une chose, que je ne ferais jamais, c’était bien de laisser tomber la meilleure chose qui venait de m’arriver dans toute ma vie. Jamais je ne pourrais abandonner Rachel, après ce bonheur qui avait pu traverser mon âme. Le coup de grâce pour mes larmes avait été donné par elle, rien qu’avec sa présence. Moi qui pensait l’amour perdu, j’avais largement tort en fin de compte, car elle était là.

Je n’hésitais plus à lui dire que je l’aimais, car j’en étais réellement certain, et aussi que j’avais su vaincre ma timidité, et ce blocage intense qui m’obligeait à ne pas révéler ce que je ressentais au plus profond de moi-même. Quand je fis cette promesse à Rachel, en lui disant que je n’allais jamais l’abandonner, c’était vrai, car je savais que je me perdrai dans cette nouvelle perte.

Une philosophie disait que la meilleure chose était de profiter de l’instant présent, comme s’il s’agissait du dernier de notre existence. Pour moi, cet instant présent, c’était elle. Quand elle reculait, et qu’elle se mettait contre moi, j’avais encore plus conscience que la lumière de ma vie n’était autre qu’elle, et personne d’autre qu’elle. Le sourire et le bonheur que je ressentais en accessoire étaient maximisés, à un point que je n’avais jamais pu atteindre jusqu’à présent.

Quand je lui dis que je l’aimais, je la vis se retourner vers moi, pour me faire face et me le redire également, avant que nous échangions un dernier baiser. Peu à peu, elle fermait les yeux pour tenter de dormir. Pour ma part, je les gardais encore ouverts, bien que j’avais besoin de repos moi aussi. Pourquoi les gardais-je ouverts ? Par doute peut-être ? Une cause plus profonde que ce que je croyais ? À vrai dire, je ne pouvais pas encore le savoir, car je ne m’y attardais pas. Tout ce qui m’importait c’était uniquement Rachel…non moi.

- Repose-toi bien Rachel, je resterai là. disais-je alors que je la regardais dormir.

*t’es sûr ?*

Ce que je ressentais était étrange, car c’était comme si une partie de moi voulait à tout prix me faire douter, en me disant que Rachel et moi, nous n’allions jamais être en sécurité dans cet endroit…une sorte de petite voix dans ma tête…

*tu as encore mal, à l’intérieur de ta tête, mais tu ne lui as pas dit, espèce de crétin !*

Cette espèce de conscience, qui voulait déranger mon esprit n’avait pas tort dans un sens. J’avais très mal, j’en souffrais encore, et ce n’était pas simple de garder le secret. Mais, je devais le faire pour elle, car il était hors de question qu’elle se mette à s’inquiéter pour moi, et à se demander ce qui m’arrivait.

*ce sera pire plus tard…*

Tant pis, cette voix, ou bien cette partie de conscience pouvait tout dire, mais je ne dirais pas à Rachel la nature de ce mal qui m’alarmait. Je voulais la laisser dormir, car elle en avait largement besoin. La déranger serait injuste, surtout si c’était pour moi.

Malheureusement, ma migraine s‘aggravait. Je pensais rester éveillé pour elle, mais je n‘y parvenais pas.

- Par…

Ce mot c’était pardon. Je voulais m’excuser, comme si j’avais un devoir, dès le départ, de tenir pour elle, mais je n’y parvenais pas. Sans me contrôler, je fus rattraper par le sommeil, et je m’écroulais violemment sur le coussin le plus proche de moi. La violence de l’évanouissement fut flagrant, car cela se voyait dans les ondulations du dessus de lit.

Ma migraine était beaucoup trop forte et j’avais peur. Je n’avais rien dit à Rachel, ce qui fait qu’elle n’était malheureusement au courant de rien au sujet de mon état.

En souhaitant ne pas inquiéter Rachel, sur ce qui était en train de m’arriver, j’avais malheureusement provoqué le contraire. Ma migraine s’était aggravée, en l’espace de quelques minutes, et je n’avais plus la force de la supporter. La douleur avait provoqué ce qui était arrivé par la suite. J’avais perdu connaissance, et je ne parvenais pas à me réveiller. C’était comme si j’étais coincé, bloqué dans cet état de douleur, et que je ne pouvais plus changer ce qui se passait. C’était terrible, et je n’en pouvais plus. Je ne voulais qu’une chose : crier. Je voulais simplement pouvoir crier, et ainsi lui dire ce que je n’avais pas dit. C’était en cachant ce mal que j’étais devenu ainsi et j’avais eu tort.

Si seulement tu pouvais m’entendre Rachel…si seulement tu pouvais comprendre à quel point j’aimerais te dire ce qui m’arrive, et que je ne pouvais pas le faire…j’avais besoin de te parler…mais rien ne sortait de ma bouche, simplement parce que je ne pouvais même plus m’en servir.

*au secours…aide-moi je t’en supplie…*

Mais ces paroles ne sortaient pas de ma bouche… Je ne faisais qu’y penser, sans pouvoir lui dire quoi que ce soit. J’étais pétrifié, inconscient, et inutile. Les seules choses que je souhaitais lui dire, je ne pouvais pas lui dire. Ma douleur était flagrante, j’étais bloqué, et je ne savais pas si tout ceci allait cesser, ni surtout quand tout cette mascarade allait pouvoir prendre fin. J’étais simplement en proie à la patience, cette chose que je détestais subir. Pourtant…j’étais en plein dedans, incapable de m‘en sortir.

Je sentais les deux mains de Rachel tout contre mon visage, et également sa peur. Je savais que c‘était de ma faute. Ces larmes, je les avais provoquées, en restant bloqué dans cet état de douleur. J‘étais le seul responsable.

Pendant de longues minutes, je conservais cette position, et Rachel souffrait par ma faute.

Les paroles de Rachel atterrirent dans mon esprit. Je l‘entendais, et le fait de ne pas pouvoir lui répondre me terrifiait. Dans des moments comme ceux-ci, je ne demandais qu‘à lui parler, tout lui dire, mais je ne le pouvais pas.

Mais, par miracle, je commençais à rouvrir mes yeux, et je la voyais, en larmes, tout ceci à cause de moi. J‘étais encore faible, mais je ne voulais plus la voir pleurer.

- Pardonne-moi. C’est uniquement ma faute si tu as pleuré…

Mon réflexe fut de la prendre dans mes bras, pour tenter de la rassurer, mais aussi de me rassurer dans un sens. J’avais eu si peur de la perdre, que je voulais vraiment me rendre compte que j’étais réveillé, et bien ancrer dans mon esprit, que je ne voulais plus partir. Rachel était celle que j’aimais le plus, et je ne voulais pas la perdre, ni la laisser tomber.

Hj: J'ai poster presque tout de suite, tellement que ta réponse ma donner de l'inspiration pour ma réponse =)