Mes larmes étaient flagrantes, et ma douleur l’était tout autant. J’avais de plus en plus mal à ma tête, et ce n’était pas facile de supporter une si grosse pression.

Une seule envie dominait ma tête, à savoir que tout puisse s’arrêter. J’en avais assez, car je savais que le sang se remettait à couler de plus belle, en partant de ma tempe droite, comme ce qui m’avait amené ici. J’avais peur…peur que mon malheur puisse recommencer de plus belle et me replonger dans le coma. Ces deux jours pénibles m’avaient déjà tant bouleversé, et je n’avais pas envie de revivre la même chose, une seconde fois, alors que j’avais l’espoir de m’en sortir, et de reprendre ma vie…comme avant, mais ce n’était désormais plus le cas.

Nathan n’avait pas encore vu ce sang qui coulait, mais moi je savais qu’il était là, bien présent.

- Nathan, je souffre déjà, alors ne dis pas que tu peux en rajouter, car tu as tort.

Et c’était vrai.

Pour moi il n’était pas le fautif.

- Si tu demandes du soutien, je pourrais t’en donner mais, je t’en prie, j’ai besoin d’une chose en retour. Ma vie est un calvaire, je n’en peux plus. Je suis exténué à force de fuir, et je n’ai personne sur qui me reposer, car je suis obligé de fuir seul, en laissant des personnes importantes derrière moi. Je ne supporte plus cette fuite. J’ai besoin de toi Nathan. J’ai besoin de compter sur toi et de savoir que je peux me réfugier quelque part si jamais ces types me veulent du mal.

*j’en peux plus…j’ai trop mal…*

Je posais ma main contre ma tempe droite, et le sang apparaissait sur mes mains, de manière largement flagrante. Tout recommençait, et je perdais beaucoup trop de sang.

- J’ai besoin de toi Nathan… disais-je, effrayé par ce que je subissais.

Sam était réellement au plus mal, en train de souffrir et j'en étais l'unique responsable. En effet, aucun meilleur ami ne devrait faire vivre ce genre de chose à celui qu'il tient le plus au monde. Il pleurait et je voudrais tellement le consoler. Seulement, j'en étais incapable car Sam assistait à ma déchéance, mon enfer, celui pour lequel je ne pourrais m'en sortir. J'ai ressenti cette haine, ce sentiment de vouloir une justice depuis trop longtemps. La vengeance est quelque chose qui nous empoisonne le coeur et corrompt notre âme. La mienne était remplie de tout ça et reste à savoir s'il restait de l'humanité. Elle est bien cachée, résistant à cet assaut de haine. Sam me permettait de renouer avec cette partie cachée mais il est bien possible que je le perde. Si c'est le cas, ce sera fini de moi car l'une des principales barrières me permettant de plonger définitivement sera détruite à jamais. A ce moment-là, il me disait qu'il souffrait déjà alors je ne devais pas dire que je pouvais en rajouter car j'avais tort. Je savais que c'était le contraire mais je vais être d'accord avec lui.

Nathan : Le plus important, c'est que tu puisses te rétablir.

Je me rendais compte du piège qui se refermait sur moi, me coupant du reste du monde, de toutes les personnes en qui je pouvais tenir et cela avait commencé avec ce qui est arrivé à Londres. Repenser à ce moment-là entretenait cette haine que je ressentais. Je voudrais tellement remonter en arrière et sauver ce que je pouvais mais c'était trop tard. Il ne me restait plus qu'une seule confrontation et il était dans mon propre camp. Sam me disait que si je demandais du soutien, il pouvait m'en donner mais il avait besoin d'une chose en retour. Sa vie serait un calvaire, il n'en peut plus. Il est exténué à force de fuir et il n'a personne sur qui se reposer car il est obligé de fuir seul en laissant des personnes importantes derrière lui. Il ne supporte plus cette fuite. Il aurait besoin de moi, de savoir qu'il pouvait compter sur moi et de savoir qu'il pouvait se réfugier quelque part si jamais ses scientifiques lui voulaient du mal. Je serais là, je le protègerais.

Nathan : Tu pourras toujours compter sur moi. Je te protègerais de ses hommes. Je vais leur montrer qu'il ne faut pas s'en prendre à toi. Tu n'auras plus jamais besoin de fuir. Je n'ai jamais osé demander réellement un grand soutien car je pensais pouvoir me débrouiller seul, pouvoir régler mes problèmes car je ne tenais pas à voir les autres souffrir ou s'inquiéter pour moi. J'ai eu tort et j'en paye le prix.

Je voyais que Sam était en train de poser sa main au niveau de sa tempe droite. Il y avait du sang. Je commençais à être effrayé. Je ne savais pas quoi faire. Il me disait qu'il avait besoin de moi. Je me demandais ce qu'il fallait faire. Mon dieu ! Je vais devoir de nouveau faire appel à mon conseiller. Je ne vais pas avoir d'autres solutions en réserve. Je vais devoir malheureusement l'appeler. Je vais payer de cette action et cela va me coûter très cher. Je devais appuyer sur le bouton pour appeler vite des infirmières, des médecins. Je ne pouvais rien faire. Je devais me cacher le temps qu'ils puissent intervenir sur lui. Pour cela, je devais me mettre à un endroit où on ne pourrait pas me remarquer. Je devais me mettre à l'extérieur. Grâce à ma nouvelle capacité, je pouvais ouvrir la fenêtre et sortir. Je regardais Sam en lui montrant que c'était ce qu'il fallait faire de mieux. Je volais et je sortais le temps de l'intervention. J'attendais avec une certaine frayeur. Je lévitais dans le ciel. Je préférais mieux ça plutôt que de tout mettre à terre. Mon conseiller sera le dernier recours.

Tout recommençait, exactement comme avant.

Le sang continuait de tomber entre mes doigts, alors que ma main était toujours posée au niveau de ma tempe droite. Un état similaire avait suffi à me faire admettre dans cet hôpital, et ce seul motif suffisait à sérieusement m‘effrayer. J’avais peur de replonger dans le noir, et de me retrouver emprisonné à l’intérieur de moi-même. Ceci ne ressemblerait qu’à une période de coma terrible, comme celle que je venais de subir pendant deux jours entiers. Sans aucune explication, je m’étais retrouvé dans cet état, et sans explication je risquais d’y retourner, sans pouvoir faire quoi que ce soit pour m’y opposer.

Nathan n’eut aucun autre choix que de signaler mon problème, pour que le personnel hospitalier puisse s’occuper de moi, et ainsi me sauver. Malheureusement, cela signifiait une chose, qui ne me plaisait pas. Nathan devait s’en aller, enfin se cacher suffisamment longtemps pour que le personnel hospitalier puisse intervenir, et faire cesser l’hémorragie.

Alors qu’il était passé par la fenêtre, je devais tenter de me calmer, et de faire cesser ce stress, qui envahissait tentais de respirer, de me calmer de toutes mes forces, mais je ne pouvais pas oublier ce sang qui coulait. Je ne pouvais absolument rien oublier malheureusement. Je ne faisais que perdre mes forces, de plus en plus, au point de fermer les yeux. La dernière chose que je vis, avant de tomber dans l’inconscience, fut un groupe de médecins, qui avait ouvert la porte de ma chambre afin d’intervenir sur mon cas.

Même à l‘intérieur de moi, je ressentais toute douleur, pendant que les médecins tentaient de stopper l‘hémorragie, qui voulait me replonger dans le coma. Ils subissaient beaucoup de difficultés, et j‘en avais conscience, par l‘intermédiaire de ces chocs qui secouaient mon esprit. Le comble était que j‘allais me souvenir de tout, si jamais je me réveillais, et cette perspective me faisait mal. Moi, qui ne cherchait qu‘à éviter la douleur, je la recevais sans cesse, de plein fouet…pendant que d‘autres personnes cherchaient à me sauver la vie, et m‘éviter la mort.

« Nous sommes en train de le perdre » fut une phrase que j‘avais pu entendre au moins trois fois, si ma mémoire était bonne, et donc une preuve que cette hémorragie était en train de chercher à me tuer. Peu importe ce que j‘avais, ceci était suffisamment grave pour vouloir mettre fin à mes jours, et ainsi me faire quitter ce monde.

« Nous l’avons récupéré » fut la preuve que tout était enfin terminé. J’étais tiré d’affaire, pour cette fois en tout cas. Le bandage recouvrant ma tête était plus important, et je le ressentais. Si ma bouche était en dessous, je serais probablement étouffé sous la pression, et fort heureusement, ce n’était pas le cas.

 « Il faut le laisser se remettre de ce qui lui est arrivé » fut le début de ma tranquillité. Ils allaient me laisser seul…enfin. Mais Nathan, allait-il revenir après cela ? Maintenant que j’étais tiré d’affaire, allait-il revenir vers moi, et me soutenir, ou bien repartir en se sentant coupable ? Moi je n’avais pas envie de le voir s’enfuir. Au fond, je venais de vivre un sacré calvaire, et je ne voulais pas rester seul. Tout ce que je souhaitais, c’était d’oublier. Je voulais oublier cette horreur que je venais de subir, car j’avais failli perdre la vie…et partir sans dire au revoir à qui que ce soit.

Une ou deux heures plus tard, je commençais à reprendre connaissance, bien que je me trouvais encore dans un état de large faiblesse. Mon premier réflexe fut celui-ci :

- Nathan…reviens…

J’appelais Nathan, parce que je voulais le revoir. Il avait du avoir peur…et c’était uniquement de ma faute.

Pendant un long moment, j’avais cru que j’allais mourir, aujourd’hui, et que je n’allais jamais pouvoir dire adieu à qui que ce soit.

Enfermé dans ma propre conscience, je pouvais entendre toutes leurs paroles, toutes les fois ou le personnel hospitalier avait cru me perdre, me voir mourir sous leurs yeux, alors que je me battais encore, pour ma survie, pour pouvoir continuer d’exister dans ce monde, et ne surtout pas perdre une chance unique d’être heureux de nouveau. En pensant au bonheur, je songeais à elle : cette quintessence de beauté et de sourire, qui rendait mon humanité plus grande encore. Grâce à sa présence, j’étais meilleure, et la perdre aurait été ma fin définitive.

À présent, j’étais tiré d’affaire, mais pour combien de temps ? Combien de temps allais-je pouvoir rester en vie ? Je l’ignorais. Ce saignement avait tenté de me tuer, et ceci n’allait probablement pas être la dernière fois. C’était bien ce que je craignais..à la longue.

Une chose dominait ma volonté, car je ne réclamais que Nathan, simplement parce qu’il avait assisté à ce qui aurait pu être mon dernier souffle. J’avais pu voir des débuts de larmes, de peur, et je m’en sentais sérieusement responsable. Son inquiétude avait été provoqué par ma faute.

Quand je le voyais, tout était très clair dans ma tête. Nathan était près de mon lit d’hôpital, en train de me regarder, et j’allais le rejoindre. Peu à peu, ma tête vint s’appuyer contre lui, soulagée de ne revoir que lui. J’avais besoin de rester ainsi…un moment… et je le fis.

- Nathan…tu ne peux pas savoir à quel point cela me fait plaisir…que tu sois ici, avec moi.

J’étais encore fable, et ceci pouvait s’entendre dans ma voix.

Malgré tout, mon sentiment était sincère. Le voir ici, avec moi, était un plaisir, car j’appréciais sa présence auprès de moi. Nathan me rassurait. Je n’aurais probablement pas été dans le même état si j’étais resté seul, dans ce même hôpital. Je n’aurais été qu’un être en plein désespoir, toujours effrayé par cette peur qu’il avait eue face à la mort, qui aurait pu me terrasser en un instant.

- Je suis surtout réellement fatigué…et…je crois que cela s’entend lorsque je parle, pas vrai ? Après ce qui vient de se passer, je vais avoir besoin de quelques temps pour m’en remettre…du moins…euh…je suppose.

Il était clairement établi que ma fatigue restait présente, mais autre chose secouait mon esprit.

Je n‘arrivais pas encore à me remettre de ce qui venait de m‘arriver, et ceci se vit dans quelques larmes qui tombaient de mes yeux.

- J’ai vraiment cru…j’ai vraiment cru que je n’allais pas m’en sortir cette fois-ci. Je…je ne sais pas ce qui m’est arrivé…mais cela a cherché à me tuer…j’ai eu si peur Nathan…réellement…

Inquiet, c'était le mot. Je ne pouvais m'empêcher de penser à Sam alors qu'il venait d'avoir ses problèmes. J'espère sincèrement qu'il va aller mieux. Il mérite vraiment d'être heureux et je ferais tout pour qu'il arrive vers cet objectif. Sam m'avait appelé auprès de lui. Pendant un bref instant, j'avais peur. Je n'osais pas bouger mais j'étais finalement venu auprès de lui. J'affichais un léger sourire même si j'étais vraiment inquiet. Sam était réveillé et se mettait tout contre moi. Il restait un moment comme ça avant de s'éloigner un peu de moi pour me parler. Il me disait à quel point cela lui faisait plaisir que je sois ici avec lui. J'étais content également d'être auprès de lui et surtout qu'il soit en meilleur forme. Cependant, il était encore faible et je ne pouvais qu'entendre ça.

Nathan : Tu dois te reposer Sam, c'est vraiment important. Je suis ravi d'être auprès de toi, tu sais.

Je devais quand même montrer que j'étais ravi de le revoir après tout ce qui était arrivé. Sam doit éviter de penser que j'ai des soucis, des ennuis qui m'entraînent vers le fond. Sam me disait à ce moment-là qu'il était réellement fatigué. Il croit que cela s'entendait lorsqu'il parlait et me demandait confirmation. Après ce qui venait de se passait, il avait besoin de quelques temps pour s'en remettre. Je pouvais comprendre ce sentiment et il va devoir prendre du temps pour se remettre de tout ça.

Nathan : Tu es fatigué et cela se comprend. Tu as besoin de te reposer. Si tu le souhaites, je peux attendre jusqu'à ce que tu t'endormes. Cela s'entendait que tu étais un peu faible, je dois te l'avouer.

Je voyais que Sam était en train de pleurer un peu. Je lui essayais ses larmes. Il avait réellement cru qu'il n'allait pas s'en sortir cette fois-ci. Il ne savait pas ce qui lui était arrivé mais cela avait cherché à le tuer. Il précisait qu'il avait eu si peur. Je devais le rassurer, lui montrer que je serais toujours présent pour lui.

Nathan : Tu es sauvé Sam. Tu es parmi nous et c'est tout ce qui compte. On découvrira tôt ou tard, ce qui t'es arrivé mais chaque chose en son temps. Tu sais que je suis là et que tu peux te reposer sur moi.

J'espère sincèrement l'avoir rassuré car c'était tout ce que je désirais. J'avais perdu pied depuis un certain temps avec ses emprisonnements, ce que j'avais fait à des personnes importantes dans ma vie. Sam m'a de nouveau montré l'espoir et cela me pousse à aller dans d’autres directions et de me pencher sur mon avenir. Qui sait, je pourrais me débarrasser de mes vieux démons.