Les tests malsains de James Flanagan, humble chercheur en assassinats médicaux, se multipliaient de plus en plus. Son objectif était d’avancer le plus possible, dans le but de découvrir un moyen d’éradiquer l’existence des spéciaux, de manière définitive. Aujourd’hui, il avait pu trouver un autre cobaye. Il ne pouvait pas laisser passer une occasion pareille d’avancer dans ses recherches.

Voilà maintenant plus de trois heures que James veillait l’inconscience de son nouveau cobaye du jour, un certain Samuel. Victoria avait su le ramener uniquement en utilisant sa capacité de sédation, car celui-ci se révélait plus résistant que les autres. Sans elle, il aurait peut-être pu rater quelque chose d’important, car James venait de faire une sorte de découverte. Comme pour les autres, il avait testé un produit, qu’il tentait de mettre au point pour éradiquer l’existence des spéciaux, mais quelque chose était différent aujourd’hui. Tous ses cobayes avaient succombé à ce produit, mais pas Samuel. Il était faible à cause de la proportion des injections, car il en avait quand même reçu une bonne dizaine, mais ce produit ne l’avait pas tué. James ne comprenait pas ce dérapage, qu’il jugeait comme anormal. Qu’avait-il de si spécial celui-là ? Il pouvait contrôler le feu, ce qui était un pouvoir actif capable de laisser l’esprit basculer vers le mal, mais rien que ce détail était déjà spécialement contourné par Samuel, qui était tout ce qui avait de plus gentil. Décidément, rien ne se passait comme initialement prévu dans le plan de James. C’était la première fois que tout ceci lui arrivait.

Quand Samuel commençait à faire quelques mouvements, prouvant qu’il allait bientôt se réveiller, James retourna près de lui, en prenant soin de tirer le rideau séparant la chambre de son laboratoire artisanal, avant de s’asseoir sur un siège à proximité du lit de Samuel. Ce dernier étant encore sous l’emprise du sédatif, il n’allait pas chercher à s’évader, ni à se défendre avec la même force que s’il avait l’emprise de l’intégralité de ses moyens. Si jamais il ne s’était rendu compte de rien, James allait devoir se faire passer pour l’exemple du brave citoyen, qui avait secouru Samuel, même si tout ceci ne lui ressemblait pas du tout.

¤ Rassurez-vous, je suis de votre côté. Je vous ai amené chez moi afin de vous permettre de vous reposer. Comment vous sentez-vous à présent ?

L’air hypocrite de James était à son apogée, alors que Samuel émergeait à peine de son sommeil. Il était perdu et largement faible. Le manipuler pourrait être un travail plus facile que ce qu’il pensait, mais James se méfiait, car Samuel pourrait très bien lui réserver quelques surprises, auxquelles il ne pourrait pas s’attendre.

James ne quittait pas l’électrocardiogramme de Samuel des yeux, afin de guetter un quelconque changement mais celui-ci, dans son immense faiblesse causée par les injections, se révélait quand même être assez stable au niveau de son rythme cardiaque. James venait certainement de trouver le spécimen le plus résistant qu’il pouvait espérer rencontrer.

*Mais comment a-t-il pu survivre à ce que je lui ai fait ? C’est impossible. Ils sont tous morts mais pas lui. Il faut que je comprenne…*

« Cher journal,

Le récit qui va suivre n’a rien de joyeux, car il raconte un de mes nombreux calvaires. Celui-ci est largement inestimable du point de vue de son impact. J’en ai d’ailleurs encore quelques traces, pour tout te dire. »

Chaque bruit retentissant dans cette pièce prenait l’air d’un véritable tambour dans mon esprit, affaibli pour une raison, que je ne comprenais même pas. Tout paraissait flou autour de moi, et ceci me perturbait. Pour une raison inconnue, je m’étais écroulé sur le sol, inconscient, et me voilà ici, dans ce qui avait l’air d’être une chambre. Un homme était là. Je ne connaissais pas son identité, mais il avait l’air de me veiller. Qui était-il ? Pourquoi me surveillait-il ? A vrai dire, je me posais trop de questions, et ceci pesait lourd dans ma tête, qui avait déjà du mal à tenir le coup. J’étais impuissant.

Cet homme me parlait alors, une fois mes yeux complètement ouverts. Il disait qu’il était de mon côté, en faisant le type de spectacle prouvant qu’il n’allait pas me faire du mal, mais j’avais du mal à y croire. En même temps, comment pouvais-je faire confiance au premier venu, en croyant que tout allait être utopique, en un seul claquement de doigts ? Je ne le pouvais pas, car j’en avais toujours été incapable. Ce n’était pas un blocage conscient, construit dans le but de m’éloigner du monde, mais plutôt de la méfiance. Je n’avais pas envie de tomber dans un piège, que certains assaillants auraient pu me tendre.

A priori, ma localisation serait le domicile de cet homme, enfin selon ses paroles plutôt. Rien que sa justification m’intriguait. Certes, elle avait l’air juste, mais je trouvais cela trop facile. M’emmener ici, me permettre de me reposer, étaient deux choses honorables, mais elles pouvaient bien cacher quelque chose derrière, et devenir bien pires, en tout cas si je ne faisais pas attention. Avec la faiblesse, qui me secouait, être attentif n’allait pas être un travail évident, surtout que je ne savais même pas ce qui m’était arrivé. Pouvais-je au moins avoir suffisamment confiance en cet inconnu pour lui poser la question ? Je ne pouvais pas affirmer la réponse positive, mais j’allais tenter ma chance. Peut-être allais-je comprendre ses intentions, à force de le faire parler et ainsi s’exprimer dans les rides de son visages, alors je ne devais pas rester ici, immobile et muet.

- Pour être honnête avec vous; commençais-je à dire avec une voix largement affaiblie; je ne me sens pas vraiment super bien. Je suis assez patraque, sans réellement comprendre pourquoi. Mais que s’est-il passé au juste ? J’aimerais bien comprendre. S’il vous plait, répondez à ma question, juste celle-ci au moins.

Dès qu’il allait ouvrir la bouche, une nouvelle fois, j’allais pouvoir analyser plus attentivement son comportement, et ainsi savoir si j’étais en danger ou non. Mais, le fait de m’échapper n’allait certainement pas pouvoir être possible, en tout cas pas seul. Mon corps était affaibli dans son ensemble, au point que je ne puisse pas réellement bouger.

*Mais qu’est-ce qui a bien pu m’arriver ?*

Ce Samuel avait l’air de se sentir bien, et tout ceci paraissait insensé. Pour James, sa survie était impossible, car cela générait une anomalie dans ses tests médicaux. Il était nécessaire pour lui de comprendre comment ce Samuel avait pu s’en sortir, alors que le test était calibré pour le tuer. Générait-il un anticorps que les autres spéciaux ne créeraient pas par eux-mêmes ? Comment tout ceci pouvait être possible, surtout pour un simple pyrokinésiste ? James avait probablement encore beaucoup de choses à apprendre, et cet énergumène en était la preuve vivante. Lui, qui considérait les spéciaux comme de la vermine, sauf bien sûr sa très chère Victoria, il était malheureusement dans une fâcheuse situation, car il allait devoir être gentil s’il souhaitait en apprendre davantage sur les ratés de son expérience du jour. Il était réveillé, faible bien entendu, mais tout de même conscient. Il pouvait me parler, même s’il ne disposait pas de toute sa force vitale.

Savoir comment Samuel se sentait était une réponse d’importance primordiale pour James, car il serait au moins conscient d’une chose : la réelle efficacité du produit sur l’organisme. Si jamais il voyait une quelconque difficulté, mais simplement faible, James pourrait la mettre sur le coup des multiples injections. Cela signifierait une absence de fonctionnement du produit. Par contre, si jamais les complications venaient plus tard, il accuserait les simples méfaits d’un retard, qu’il ne comprendrait probablement pas. Pour l’heure, même si James continuait d’attendre, Samuel avait l’air bien, ce qui le déroutait. Il voulait même savoir ce qui avait pu se passer pour qu’il soit dans cet état. Son côté patraque était logique, plausible avec ce qui avait pu arriver. Le problème était que si James lui dévoilait toute la vérité, il allait perdre une occasion en or de comprendre ce qui n’allait pas dans son produit. Sérieusement, James était incapable de laisser Samuel partir, alors qu’il pouvait être un gain d’informations inestimable.

¤ Honnêtement, je pense qu’il est mieux que vous vous reposiez, et que vous repreniez des forces. Restez allongé ici pour le faire. Le fait de savoir ce qui vous est arrivé ne risque pas d’arranger les choses, en tout cas c’est ce que je pense. Prenez votre temps. D’ailleurs, afin de vous aider un peu, avez-vous besoin de quelque chose en particulier ? Je peux vous apporter tout ce que vous souhaitez. Il suffit de me le demander.

*Toute façon t’es attaché au lit alors tu ne peux pas t’échapper.*

¤ Je vous l’assure, il suffit de penser à votre bien-être et à vous reposer. Je vais tout faire pour vous aider.

*Menteur…*

James ne faisait que mentir, depuis le départ, mais c‘était pour son unique cause personnelle, car cela ne concernait que ses expériences horribles. Rien de tout ceci n‘était honnête, loin de là, mais il s‘en fichait. Si le fait de mentir à Samuel pouvait l‘aider à achever son expérience comme elle le méritait, il n‘allait pas hésiter à le faire, loin de là…

 « Cher journal,

J’en ai sérieusement assez, et j’ai un intense besoin d’aide. Malheureusement, je ne sais pas où la trouver, car tout me traumatise en ce moment, mais réellement tout.

S’il y a bien un moment, que j’aimerais oublier, c’est celui que j’ai du subir au chevet de ce malade. Il m’a torturé comme jamais et je n’ose même pas raconter tout ce que j’ai subi. Je t’en supplie, trouve un moyen de m’aider à oublier, n’importe quoi, mais quelque chose. »

Cette intense faiblesse secouait mon âme comme jamais, alors que j’étais surveillé par la présence d’un inconnu, que je ne connaissais même pas. Comment pouvais-je avoir confiance en lui, sans savoir qui il était ? Honnêtement tout ceci était impossible. S‘il y avait bien quelque chose, que je préfèrerais faire en cet instant, c‘était d‘être ailleurs que ici, dans ce lit, et peut-être en danger en plus, car je serais même capable de mourir sans m‘en rendre compte. Cette personne jouait le rôle du gentil, mais deux possibilités s‘offraient à moi. Mentait-il ? Disait-il au contraire la vérité ? Aucune information ne pouvait me faire trancher entre ces deux options, l‘une plus terrifiante que l‘autre. Il me proposait même de rester ici, me reposer, et même de m‘apporter tout ce dont j‘avais besoin. C‘était trop beau pour être vrai. Sérieusement, j‘avais peur…

- Si je suis bien sûr d’une chose, c’est que quelque chose manque à l’appel. Vous ne me dites pas tout, arrêtez cette histoire une bonne fois pour toutes. Je n’arrive pas à vous croire, car je m’en sens incapable. Je me méfie de vous, car je ne vous connais pas. Vous jouez le rôle du gentil pour moi, afin de paraître sympathique, mais ceci a l’air plus d’un rôle qu’autre chose.

*Garde les yeux ouverts, je t’en supplie...*

J’avais sérieusement du mal à garder mes yeux ouverts, à cause de tout ce qui m’était arrivé. Je ne savais pas ce que cette personne avait pu me faire afin de me torturer, mais cela ne devait pas être rien, vu l’état dans lequel j’étais.

- Honnêtement, dites-moi si je me trompe, mais vous n’êtes pas le bon samaritain que vous prétendez être, n’est-ce pas ?

Mes yeux virent alors mes liens, qui m‘attachaient à ce lit, ainsi que l‘état de mon bras, meurtri probablement par des injections. J‘avais raison. Cette homme était dangereux, et je ne pouvais rien faire pour m‘échapper de là. J‘étais piégé.

- Mais qui êtes-vous ? Pourquoi faites-vous tout ça ? demandais-je en étant encore très faible

Malgré ma faiblesse, j’essayais de me débattre, dans le but de me sortir de là, mais rien n’y faisait. James arrêtait mon mouvement en attrapant mon bras. Il avait une seringue dans ses mains. J’ignorais ce qu’il allait faire de la substance, qui était à l’intérieur, mais elle allait probablement finir dans mon organisme. Mon risque était la peur, et celle-ci était sérieuse.

Ce Samuel avait tout compris, en quelques instants. Son corps affaibli n’avait pas beaucoup de force, mais il tentait de se débattre, afin de pouvoir partir, même s’il était conscient qu’il n’allait pas pouvoir passer la porte en restant lucide. Samuel était à James, et celui-ci n’allait pas soudainement décider d’abandonner ces stupides tests, uniquement pour exaucer le souhait de quelqu’un. Déjà, je n’étais pas suffisamment clément pour aider les gens et je ne savais pas ce qu’était la générosité. Tant qu’il pouvait utiliser les ressources du corps de Samuel, James n’allait pas se gêner à employer tout moyen possible, même cruel, pour comprendre ce qui n’avait pas marché dans sa substance. Il avait échoué, mais il ne comprenait pas pour quelle raison. Ceci le torturait et l’énervait. Le bras de Samuel en main, il était désormais capable de tout. James attrapait alors une seringue pleine, d’une substance qu’il avait déjà testée à plusieurs reprises. Celle-ci avait tué chacun de ses cobayes, sans marge d’erreur. Si la première avait fonctionné sur tout le monde, sauf sur ce Samuel, sa seule chance restait dans cette seringue. Peut-être que le dosage plus fort des produits pourrait avoir raison de Samuel, et ainsi prouver que James était le seul à avoir raison.

En rigolant en silence, James enfonçait la pointe de la seringue dans le bras endolori de Samuel, et vit ses yeux se fermer. Ce geste étant normal, il ne s’inquiétait guère de la suite des événements. Il reposait tous ses instruments sur la table d’à côté et surveillait l’électrocardiogramme de son patient, enfin de son prisonnier. James vit plusieurs montagnes russes, mais bon…il s’en fichait. Si seulement Samuel pouvait mourir, il pourrait mieux s’en porter, et ainsi repartir de plus belle. James avait déjà tué tant d’innocents, et il n’allait pas s’arrêter là, juste pour un couac.

¤ Samuel, je ne te demande pas la lune quand même ! Mais crève bon sang !

*Oh si seulement…*

Afin de faciliter l'arrivée des réponses dans ce rp et après accord entre les deux joueurs, une ellipse de plusieurs heures mais quand même inférieure à une journée sera instaurée.

La prochaine réponse sera celle de James.

Depuis des heures et des heures, James tournait en rond autour du lit de Samuel, priant sans cesse pour que son décès puisse être enfin effectif, et ainsi prouver qu’il était le seul à avoir raison. Ses tests étaient bons, tous, alors pourquoi celui-ci, ce spécimen en particulier, voulait tout foutre par terre ? Pourquoi lui ? Il était simplement quelqu’un, un pyromane. Il n’avait aucun autre don que celui-ci, et c’était bien ce qui intriguait James, au plus haut point. James ne savait pas ce qui se passait, lui qui avait d’habitude toujours raison sur toute la ligne.

L’électrocardiogramme de Samuel était à un siège d’enthousiasme pour lui. Il pensait avoir gagné. La respiration de Samuel était en effet devenue largement irrégulière, au point de penser que sa fin était imminente. Son organisme se battait contre ce que James avait injecté, mais Samuel ne disposait pas d’une force surhumaine. Il allait bien lâcher prise, à un moment donné. James était conscient qu’il était tombé sur le bon dosage. Enfin !

Sauf que le bas plancher espéré ne fut pas éternel. Malheureusement, Samuel reprenait des forces, et recommençait à aller mieux.

¤ Bon sang, mais comment est-ce possible ? Qu‘as-tu de particulier toi ?

A l’aide du seringue, il préleva une fine quantité de sang qu’il analysa au microscope rangé dans le coin de son bureau. James y jetait alors un coup d’œil pendant quelques instants, avant de ressortir avec un air de surprise.

¤ Sans déconner ! C‘est alors toi !

Il revenait alors vers Samuel, en pleine précipitation.

¤ Tu es mon saint graal Samuel. Tu es pile poil celui sur lequel je ne pouvais pas tomber. Tu maitrises le feu, mais tu as une sacré résistance aux deux substances que je t‘ai injecté. Tu arrives à les combattre et à survivre juste après. Il faut que je découvre ton secret, et vite. Peut-être que je viens de tomber sur quelque chose de nouveau, quelque chose de différent par rapport aux spéciaux, que j‘ai pu rencontrer jusqu‘à maintenant. Mais…qui es-tu donc ?

Le téléphone de James sonnait alors. C’était Victoria

¤ Oui ?…Tu en as trouvé un autre ? Qui est-ce ? Euh…non je ne connais pas ce Matthew. Tu pourrais me l‘amener ? J‘ai une théorie à tester. Figure-toi que je suis tombé sur la résistance infaillible que je pensais impossible. En fait, selon moi, seuls ceux ayant une régénération cellulaire surdéveloppée pour capacité pourraient résister et survivre à ce genre de test, mais lui c‘est un contrôleur de feu. Tu y comprend quelque chose toi ? Et bien moi non plus. Bon amène-moi ce Matthew. On va bien voir si toutes mes hypothèses sont vraies.

Je raccrochais le téléphone et me dirigeais vers la cuisine. Je devais surveiller la cuisson d’un nouveau prototype. Je ne m’inquiétais pas pour Samuel, car je pensais qu’il n’allait jamais pouvoir s’échapper…oh jamais.

Me maintenir en vie devenait peu à peu un parcours du combattant pour ma conscience, qui devait apprendre à dominer une substance entièrement inconnue. Je ne savais pas ce que cet homme venait de me faire, mais il allait peut-être me tuer, qui sait ? J’allais peut-être mourir des mains de cette personne, et aucun autre être allait pouvoir me secourir. Il n’y avait rien à dire de plus : j’étais pris au piège, et sans connaissance.

Mais, alors que je me pensais perdu, mon organisme fit un sursaut de domination et prit le pouvoir face aux deux substances inconnues, qui avaient pour but de me tuer à petit feu. Aussi étonnant, que cela puisse paraître, j’allais de mieux en mieux, et je ne comprenais rien et à priori mon tortionnaire était dans la même situation que moi. Selon ce que j’entendais, il pensait que j’avais quelque chose de particulier, de plus que les autres spéciaux, mais de quoi pouvait-il bien parler ? Je suis un pyrokinésiste, rien d’autre que cela, alors que pouvait-il m’arriver de pire hein ?

Quand je commençais à ouvrir les yeux, je ne voyais plus personne d’autre que moi. J’étais seul, encore fatigué, mais seul. Cette situation ravivait un brin d’espoir dans ma tête, même si mes mouvements demeuraient encore très faibles, beaucoup trop faibles. Malgré ceci, j’eus assez de cran pour être capable d’atteindre mon téléphone portable. J’avais en tête ne serait-ce qu’un seul numéro, celui de l’inconnu qui ne cherchait qu’à m’aider : ce fameux B. Avec une lenteur surprenante, moi qui avait plutôt l’habitude de tout faire très rapidement, je parvins à taper ce message exact sur mon téléphone :

« Nos communications ne vont pas habituellement dans ce sens, mais j’ai sérieusement besoin de ton aide. Je suis tombé dans un piège, et quelqu’un en profite pour faire des tests sur moi. J’arrive à survivre, mais je ne comprend pas comment je fais cela. J’ignore également si je vais pouvoir tenir très longtemps dans cet état.

Je t’en supplie aide-moi. Je ne sais pas vers qui d’autre me tourner. »

Le message fut envoyé quelques instants après, et je priais tant pour qu’il puisse le recevoir vite.

A peine me retournais-je, que je pouvais le voir. B. était là, surgissant toujours aussi vite que d’habitude. Je ne le quittais pas des yeux.

- Aide-moi. J’ai besoin de toi.

Sans bruit afin de ne pas trahir notre discrétion, B. me détachait et saisissait ma main droite, pour l’emprisonner dans la sienne. Les seuls mots qu’il eut furent les suivants :

B. : Garde ta main dans la mienne et ne la quitte pas. Je vais te sortir de là, je te le promet. Tu as bien fait de m’appeler.

Je ne comptais plus les secondes qui me séparaient de l’extérieur car, juste après avoir fermé les yeux, nous étions déjà partis de là-bas. B. avait pu m’aider à m’échapper, et j’étais vivant.