Une journée comme une autre pour Patrick, mais il devait voir Nathan, pour diverses informations. Notre bon Patrick pouvait se montrer pressant, surtout que la vie de sa fille pouvait être en jeu. Il avait donné rendez-vous à notre homme d'Etat à Riverside Park qui était situé au Nord Ouest de Manhattan. Plus petit que Central Park, il était un parfait endroit de rendez-vous pour nos deux hommes. Il s'était posé sur un banc, ses yeux posés sur la grande étendue d'eau qui lui faisait face. Autrefois, l'endroit était peuplé et on pouvait entendre beaucoup de rires d'enfants. Aujourd'hui, il était presque désert. C'est à ce moment-là qu'on prenait vraiment conscience que l’Épidémie avait fait beaucoup de victimes.

Les yeux rivés sur l'eau, Patrick restait dans ses songes... Ou plutôt aux parcelles de souvenirs qu'il avait réussit à récupérer de sa vie d'avant. Il ne se rappelait de pas grand chose. Peut être arrivait il à récupérer certains souvenirs, grâce à son pouvoir mental, mais c'était à lui foutre un mal de crâne pas possible. Sa femme Amanda... Qui était elle ? A quoi ressemblait elle ? Comment s'aimaient-ils ? Comment vivaient-ils ? Tant de questions et c'est dans cette villa vide qu'il en venait à sombrer dans une léthargie nostalgique, cherchant en vain l'absence de souvenirs. Puis ses pensés se tournèrent vers sa fille disparut. Cette enfant qu'il avait cru morte... Ou plutôt qu'il n'avait plus en mémoire... Oublier son enfant était la pire chose qu'on pouvait lui faire. La chose qui pouvait le rendre incontrôlable... Comme lorsqu'on voulait prendre la défense de son ordure de frère: Flint. Après ce qu'il avait fait, il ne désirait plus qu'une chose: L'abattre. Le regarder mourir doucement... La torture mentale qu'il allait lui infliger serait la pire de toute. Il viendrait à lui supplier de le tuer, mais Patrick allait se concentrer sur la douleur mentale. Celle qu'on pouvait taire, celle qu'on pouvait animer, sans pour autant être blessé. Car tout se logeait dans le cerveau.

Il vit Nathan arriver. Patrick ne se leva pas, son regard retournant à contempler l'eau nauséabonde. Il dit à son interlocuteur alors qu'il faisait ses premiers pas vers lui.

PATRICK - Autrefois, on pouvait entendre les oiseaux chanter et voir les grands mères nourrir les canards de ce lac.

Il eut une légère exclamation, alors que le coin droit de se lèvre se pinça pour donner un léger rictus amusé.

PATRICK - Et ca ne me fait rien. De toute manière, la vie n'a plus de sens depuis que j'ai tout perdu, jusqu'à mes souvenirs. Il ne me reste qu'une chose... Et le temps commence à devenir long. Saches que je ne suis pas comme Dilan Sorian, je n'ai pas des œillères et je n'obéis qu'à mon propre chef... J'espère que tu ne me retiendras pas quand j'en viendrai à torturer ce chien de Flint.

Patrick pouvait être le type le plus cordial qu'il soit mais quand ses demons refaisaient surface, on se retrouvait en face d'un homme totalement différent. Un homme qu'on pouvait voir ronger par l'amertume et la haine. Une facette de lui qui ne montrait que très rarement. Il se leva alors et s'avança vers Nathan.

PATRICK - Dis moi tes secrets, je te dirais les miens... Trêve de plaisanterie, tu as des nouvelles ? Tu m'avais promis un dossier si je me rappelle bien. Celui de Charlotte... Celui qui était en possession de la Compagnie. En échange ? Je te refourgue une planque de Spéciaux rebelles. Je ne veux pas savoir ce que tu vas faire et puis je m'en fiche totalement.

Nathan lui avoua qu'il retrouverait la mémoire à long terme. Surement pour l'aider. Mais Patrick savait que quand on passait sous la coupe du Haïtien, les souvenirs disparaissaient à jamais. Mais il trouverait un moyens. Il ne laisserait pas le souvenir de sa femme disparaître à jamais, et encore moins celui de sa fille. Plus le temps passait, plus il était difficile de faire face au gouffre ambulant de sa mémoire. On lui avait arraché une partie de lui même, on lui avait arraché son coeur, une partie de son âme. Plus rien n'avait d'importance. Il savait qu'un monstre sommeillait en lui et qui ne demandait qu'à faire surface pour tout détruire sur son passage.

Il se fichait de ce que deviendrait certains rebelles. Bien que le fait de jouer ce jeu, venait à le conduire à s'attacher à certaines personnes. Et il allait surement les trahir. Il n'était pas un homme mauvais, non. Il était juste totalement paumé. Voilà ce qu'il était. Et que ne ferait-il pas pour retrouver sa petite fille ? Nathan lui promis le dossier, en échange du renseignement. Patrick pivota doucement sur ses talons et s'approcha de lui. Il attrapa les dossiers que lui tendit Nathan et les feuilleta rapidement. S'attardant sur la photo de la demoiselle. Il allait lui dire où se trouvait une planque quand quelque chose le perturba. Une pensée qui vola jusqu'à lui et qui n'appartenait ni à Nathan, ni à lui. Une pensée familière qui plus est. Une mine d'étonnement sur le coup. Des mots retentirent à la suite de cette pensée. C'était déjà trop tard.

On lui avait toujours appris de surveiller ses arrières mais il ne pensait pas que Claire allait débouler. Jeu du hasard ? Oui, c'était le cas, ca ne pouvait pas être autrement. Patrick n'était pas le dernier des espions. Il contrôlait tout, faisait toujours bien attention là où il mettait les pieds. Sa nièce se mit à courir, Patrick ne tarda pas à la suivre, avec Nathan. Ils hurlaient son nom pour qu'elle s'arrête mais à l'évidence, c'était vain.

La demoiselle finit rapidement par être coincée dans un cul de sac. Patrick s'arrêta juste derrière Nathan, reprenant son souffle. Son beau frère prit la parole. Il le laissa s'exprimer avant de s'avancer à son tour et ajouter:

PATRICK - Ecoutes Claire, comme Nathan l'a dit ce n'est qu'un concours de circonstances. Je connais ton père depuis très longtemps, vu qu'il était avec ta mère et donc ma soeur. Ne me reproches pas de le connaitre. Nathan a raison... J'étais ici pour affaire familiale et rien d'autre.

Il fallait bien tourner tout ca et Patrick était un roi du mensonge et de la manipulation. S'il fallait jouer sur les sentiments, il le ferait. Il avait bien entendu repris son masque habituel, cachant les démons qu'il avait en lui. Il fallait qu'il touche la demoiselle, qu'il lui explique la situation... ou une partie.

PATRICK - Je ne t'ai pas tout dit, Claire, c'est vrai. J'ai une... fille... Ta cousine... Elle a été prise par la Compagnie dès sa naissance et Nathan m'a dit qu'il pouvait m'aider à la retrouver. J'étais là pour discuter de ca. Simplement. Regardes.

Il avait des preuves, il allait les montrer à la jeune fille. Il montra le dossier qu'il avait encore dans les mains et montra la photo de la demoiselle.

PATRICK - La Compagnie me l'a arrachée et me l'a faite oublier. C'est une histoire de pères, et le tiens a juste voulu m'aider. Qui mieux que lui pouvait comprendre ce que je ressentais ?

Il aidait aussi Nathan par la même occasion. Il fallait que la demoiselle retrouve un minimum de confiance en son père, bien qu'après ce qu'il avait fait, c'était mission impossible de base.