Je marchais tranquillement sur le trottoir, lorgnais vers certaines boutiques dont les vitrines regorgeaient de tout, en passant par de savoureuses pâtisseries aux vêtements les plus osés qui soient. New York était une ville qui me rebutait profondément. Je n'y étais que depuis trois jours mais déjà je rêvais de retourner chez moi dans mon Colorado adoré, là où je pouvais exister en toute sécurité, loin de tout stress, loin de toute civilisation. Pourtant, malgré ma haine profonde de cette jungle grise et bruyante je m'y trouvais tout de même, un peu paumée oui, mais surtout avide de trouver l'aide qui améliorerait le triste sors auquel je m'étais volontairement confinée.
Cette boutique donc, qui contenait des vêtements dignes de faire rougir la plus délurée des putains freina mon élan tant son contenu était… traumatisant. Je me surpris à reluquer les sous-vêtements, incrédule, choquée, même, que des gens aient pu imaginer de telles horreurs mais encore plus secouée de constater que des gens les achetaient…
Une voix masculine agaçante me tira de mes pensées, m'horripila au plus haut point quand elle me proposa un billet de cent dollars en échange de mes services pour quelques minutes de réjouissances.

- Pardon??

Mon regard se porta sur la loque humaine qui me dévisageait de la tête aux pieds. Lorsqu'il fit un pas vers moi je pris panique, sentis mon cœur se mettre à battre de travers, eut un coup de chaleur alors que, sans crier gare, le contenu de la poubelle non loin de moi commençait à s'élever dans les airs pour aller percuter vitrines et passants.

- Non… non!

Mes mains se portèrent à mon visage dans une tentative vaine de me calmer. La peur me serrait le ventre. Je ne pensais qu'à une seule et unique chose : m'enfuir le plus loin possible avant que des gens soient tués. Quand je voulus le faire je fis face à un second individu, un homme d'origine Coréenne, sans doute, que je percutai de plein fouet dans ma tentative d'évasion.

Il avait levé la main en signe d'arrêt.  Je n'étais pas tout à fait certaine que cet avertissement s'adressait à moi et donc, sur le coup je pris une demi-seconde pour faire un tour d'horizon afin d'observer les gens tout autour de moi.  Je ne comprenais rien de ce qu'il voulait, je voulais juste m'enfuir loin, très loin pour ne plus voir le regard horrifié des passants qui me pointaient tous du doigt comme si j'étais une criminelle tout droit échappée de prison, comme si je me trimbalais une énorme affiche lumineuse au sommet de laquelle une flèche pointait vers ma tête en indiquant "regardez ici".
 
J'allais partir, donc, quand l'individu que j'avais percuté de plein fouet s'adressa à moi d'un ton calme et rassurant.  Il n'apparaissait aucunement froissé que je l'aie percuté et mieux encore, il semblait sincèrement avoir envie de m'aider.
 
- Discuter…?  Mais…
 
Je le regardais de cette mine affreusement démolie que j'arborais presqu'en continuité.  À tout coup, lorsque ce genre d'incident survenait, je prenais mes jambes à mon cou pour aller pleurer toutes les larmes de mon corps au fin fond de ma chambre la tête enfouie sous mon oreiller.  Là, c'était différent…  Cet homme avait une attitude intrigante qui me donnait presque envie d'accepter son invitation.  Après tout, n'avait-il pas dit qu'il était bien placé pour me comprendre?  Et puis, si j'étais venue à New York, n'était-ce pas pour y chercher de l'aide?
 
- D'accord, je vous en prie, partons d'ici…
 
J'étais nerveuse et le resterais tant que je n'aurais pas quitté ces lieux.
 
- Vite…
 
J'ignorais où il allait m'amener et bien honnêtement je m'en contrefichais royalement.  Tout ce que je voulais c'était de partir.
 
- Merci…