Ma « pseudo » nouvelle vie allait bientôt pouvoir commencer. Elle et moi nous étions mis d’accord pour aller trouver Claire et Peter, afin de leur prouver que je n’étais plus même, que j’avais changé. Ça allait être dur, j’en étais conscient, mais je devais au moins essayer. Bien sûr, nous n’y allâmes pas en pleine nuit, nous attendîmes le jour. Une fois qu’Elle fut prête, nous partîmes, en direction de l’Université de Claire. Cela faisait quelque temps que je ne l’avais pas vu, elle et son amie, Gretchen. Sincèrement, j’avais hâte de la retrouver, en particulier pour voir sa réaction. Je savais très bien qu’elle me dénoncerait encore une fois, qu’elle me traiterait de monstre, de psychopathe, mais je n’avais pas peur de ça. Je savais à quoi m’attendre avec elle. Le voyage se fit en voiture, que j’avais louée il y avait quelques jours. Au bout d’un quart d’heure environ, nous arrivâmes, à l’entrée de l’Université. Les personnes s’y trouvant nous collèrent une étiquette où il était écrit « Visiteur », lorsque je lui avouais que nous étions tous deux, des cousins de la jeune Bennet. Je me souvenais très bien du numéro de la chambre de celle-ci, ce ne fut donc pas difficile de la retrouver. Elle se trouvait au deuxième étage, dans le plus grand couloir. Je jetai un regard à Elle, affichant un léger sourire, avant de tourner la poignée de la porte. En faisant cela, je pus entendre une légère agitation. Une petite peur peut-être ? En tout cas, cela tombait bien, Claire était là, et seule. Je regardai son visage crispé et apeuré lorsqu’elle s’aperçut qu’il s’agissait de moi.

« Bonjour Claire. Oui je sais, tu ne t’attendais pas à te revoir de sitôt. Je peux ? » Dis-je en indiquant un siège.

J’aimais ce regard. Le même que lorsque je m’en prenais à elle. C’était assez jouissif, je devais l’avouer.

« Il faut qu’on parle. Tu dois savoir que nous ne sommes pas si différents que ça, toi et moi. C’est vrai, quand on y pense ! Tu as été lâchement abandonnée, moi aussi. Tu as été adoptée et élevée par des parents qui ne te comprenaient pas, tout comme moi. Et pour finir, nous sommes tous deux, immortels. »

Elle semblait un peu bizarre. Peut-être sentait-elle que le monstre revenait peu à peu ? Sans doute. Mais pour la soulage, je la regardais, lui affichant un sourire, avant de tourner une nouvelle fois la tête en direction de Claire.

« Tu te demandes sans doute pourquoi Elle est venue ici, avec moi, n’est-ce-pas ? Eh bien pour te répondre franchement, nous nous sommes réconciliés. Et si nous sommes venu jusqu’à toi, c’est pour te convaincre d’une chose. Je ne suis plus le salopard que tu as connu. J’ai changé, Claire. »

La petite Claire semblait bien énervée, au vu de sa réaction. Remarque, cela ne m’étonnait pas. Elle m’avait toujours détesté, et ce, depuis le début. Depuis l’assassinat dans son premier établissement scolaire. Elle me faisait vraiment rire, lorsqu’elle parlait. C’était assez drôle, je devais l’avouer. Mais je contenais mes éclats de rire à l’intérieur. Je la regardai simplement, laissant apparaître mon sourire habituel. Cela l’énerverait peut-être encore un peu plus. En tout cas, une chose était sûre, elle ne comprenait toujours pas le fait que l’on se ressemble, que l’on soit semblables. Selon elle, sa famille la comprenait. Je me levai brusquement la regardant avec un peu de méchanceté et de sérieux cette fois, avant de reprendre la parole.

« Quand comprendras-tu, Claire ?! Crois-tu que ton père te comprend réellement ? Il te muselle comme un vulgaire chien enragé. Te sens-tu bien comme tu es ? Ne désires-tu pas devenir quelqu’un ? Une héroïne ? Réfléchis bien à tout ça, car tu sais très bien que j’ai raison ! »

J’essayais de me calmer petit à petit. Cela m’énervait qu’elle ne comprenne pas ce que faisait constamment son père. Il l’empêchait de se dévoiler, de vivre sa vie. Ce n’est pas possible d’avoir une vie normale quand on est quelqu’un d’exceptionnel. C’est ce que j’ai compris au fil du temps. Jamais nous ne redeviendrons comme avant. Jamais notre vie ne serait simple. Nous étions tous destinés à devenir quelqu’un de bien ou de mal, peu importe. Mais pas un simple homme parmi tant d’autres.

Cependant, pour me croire, elle avait besoin de quelque chose, d’une preuve. Je ne pouvais rien lui montrer comme ça, pour lui témoigner mon changement. Mais j’avais peut-être une idée. Je tournai la tête, regardant sur le bureau de la chambre, et j’attrapai un papier et un stylo. Puis, en l’espace d’une seconde, mes yeux devinrent blancs. Cet état était effrayant pour certains. Je me mis ensuite à dessiner, sans aucune réflexion. Le résultat était incomparable. Et j’avais bien dessiné la même chose que la nuit dernière. Une scène me représentant, en train de sauver Peter. Mais je n’avais aucune idée du pourquoi je devais le sauver. Et surtout, de quoi ou de qui. Une fois le dessin terminé, je montrai le papier à Claire, la regardant et lui disant.

« Est-ce une preuve assez convaincante à tes yeux ? Et puis, réfléchis. Si j’étais encore ce meurtrier sadique et assoiffé, ne crois-tu pas que j’aurai essayé de faire du mal à ton amie, pour te toucher toi, qui est indestructible ? »

La jeune Claire Bennet me sortait de ces choses… Il s’agissait pour moins d’infamies, des choses qu’elle ne pensait pas. Sincèrement, pourquoi souhaiter avoir une vie normale, lorsque l’on est différent ? Supérieurs à la race humaine. Nous sommes tous l’évolution, menant à une vie meilleure. Elle me semblait bien prétentieuse, bien sûre d’elle. Mais au fond, tout cela me rentrait dans une oreille et ressortait par l’autre. Je n’en avais pas grand-chose à faire à vrai dire. Tout ce que je souhaitais, c’était sa confiance. Quand je lui eus donné le dessin que je venais de faire avec mon don de précognition, son attitude changea du tout au tout. Je vis qu’elle ne savait plus trop quoi dire. Elle se posait sûrement des questions sur cette scène et sur mes intentions. Elle me demanda si cette situation était déjà arrivée, si Peter allait bien. Ça, je ne pouvais pas le savoir car la précognition me permettait de dessiner des évènements futurs. Cependant, je ne savais pas encore quand est-ce que cela arriverait vraiment. Elle commençait peu à peu à me faire un peu plus confiance. Je le sentais dans son ton et dans sa réponse. Seulement, elle me posa une question existentielle, à laquelle je ne pouvais pas répondre sérieusement, si je ne voulais pas que tout tombe à l’eau. Je lui répondis alors, en regardant Elle pendant une demie seconde.

« Les choses que je dessine sont censées se produire dans le futur. Je n’ai donc aucune idée de la santé de Peter. Cependant, en ce qui concerne ton père, je dois dire qu’il y a des choses qui doivent rester un minimum secrètes. Je ne peux pas te dire si je le tuerai ou non. Mais une chose est sûre, je compte bien lui rendre une petite visite pour régler quelques petits…problèmes. Même s’il s’agit de ton père, il ne faut tout de même pas oublier qu’il est le responsable de cette chasse. De cette maltraitance des spéciaux, comme toi et moi. Tu es peut-être la seule qui ne compte pas dans cette loi, qui n'est pas pourchassée, car tu es la fille du Président. Mais tous les autres sont traqués sans relâche. Et si je suis le seul à pouvoir m’opposer, alors je le ferais.»

Sur ces mots, je me relevai du fauteuil et me dirigeai vers la porte de la petite chambre, rejoignant Elle. J’en avais fini avec ce petit discours, et ce n’était pas sûr qu’elle me croie et qu’elle me fasse confiance. Mais au moins, j’aurai essayé. Je m’apprêtais donc à partir vers mon nouvel objectif.